Le N’info a vu: Assassin’s Creed

La capuche sur la tête, les lames dans les manches et le cri perçant d’un aigle survolant la ville… Le N’info avait l’âme d’un assassin ce soir et te démontre si oui ou non, le film agit dans l’ombre pour mieux servir le credo. Action !

Une réception en demi-teinte

Impossible de débuter cette critique sans se pencher sur la réception ô combien peu élogieuse de ce blockbuster qui – à juste titre au vu des précédents dans l’adaptation du jeu vidéo au cinéma, mais nous le développerons un peu plus loin – sentait tout de même la daube commerciale habituelle pointer le bout de son nez en cette fin d’année 2016. Avec un score particulièrement corsé chez rotten tomatoes et Métacritic, sans compter les monceaux de bouse allant du Monde pour qui « cet empilement d’âneries est traité avec une telle gravité que (…) l’effet d’abrutissement finit par prédominer » au Point selon lequel « Assassin’s Creed, dans le genre Mad Max moyenâgeux (wut?) et hispanisant, se laisse regarder (…) Sinon, on n’espère qu’une chose: lire game over au milieu de l’écran » ; ça ne respirait vraiment pas la joie. Avec une moyenne de 3,5/5 auprès des spectateurs d’Allociné, le film budgété à hauteur de 125 millions de dollars peut malgré tout compter sur un accueil globalement positif du public pour limiter la casse. D’autant plus qu’avec la sortie de Starwars Rogue One lui ayant éclipsé la vedette en décembre dernier, le box-office américain cumulerait près de 50 millions de dollars de recettes après sa 3e semaine d’exploitation selon Allociné – et c’est encore loin d’être rentable même si ce n’est visiblement pas le but premier ! C’est donc avec un peu d’appréhension que la salle finit de s’obscurcir, au fur et à mesure que l’on compte dans nos têtes toutes les pâtes que nous aurions pu acheter pour se nourrir avec le prix du ticket…

Une réalisation explosive

Plongés dans plusieurs plans séquences époustouflants tout au long du film en suivant un aigle en référence directe aux introductions dans l’animus du jeu vidéo – le 1er étant par ailleurs affreusement CGI-isée – ; on comprends très vite à quel point Ubisoft tient à nous en mettre plein les mirettes. Le réalisateur Justin Kurzel semble profiter pleinement du budget qui lui fut alloué, à grands coups de plans spectaculaires et nerveux jusqu’au grandiose dans certaines scènes en plein cœur de la restitution historique de Grenade. Il est d’ailleurs très intéressant de noter le contraste saisissant entre l’environnement moderne et l’inquisition espagnole. Si le premier semble au premier abord plus basique et banal, tel qu’on a pu l’observer dans plusieurs autres dystopies, on notera malgré tout les jeux de lumière cliniques qui donnent une identité visuelle relativement marquante au film. Le second environnement étant bien entendu le plus attendu, nous impressionne par sa grandeur et se différencie brutalement avec un filtre de couleur sépia retranscrivant parfaitement la poussière et la saleté d’une période qui l’était tout autant. De par son aspect « terrain de jeu » géant de parkour particulièrement bien retranscrite, la ville de Grenade, en particulier lors de la course-poursuite géante – approchant facilement les 10 minutes – est filmée de façon énergique et dynamique qui n’est pas sans nous rappeler les plus belles heures passées la manette à la main.

Une adaptation fidèle

Après un visionnage attentif et sans attentes particulières, il ne peut y avoir qu’un seul verdict pour ce résultat: ENFIN ! Oui ! Si la majorité des gamers ne semblait plus y croire depuis longtemps – Resident Evil ayant fini de nous achever -, l’année 2016 nous redonne enfin espoir avec Warcraft et désormais Assassin’s Creed. De par sa réalisation époustouflante lors des cascades des assassins, au scénario – certes quelque peu simpliste et réducteur d’une saga comptant sept épisodes à son actif -, l’univers d’Assassin’s Creed imprègne fidèlement le film. Et pourtant, dieu sait à quel point la bande-annonce du film aurait eu de quoi faire fuir à la vue du saut de la foi… Or, il se trouve que même cette cascade emblématique de la série est traitée de façon parfaitement logique dans la situation, avec une certaine ironie en plus et un beau pied de nez des producteurs qui décideront de ne pas aller jusqu’au bout de la scène – au vu du nombre d’échecs à l’actif des joueurs, il aurait été intéressant d’observer la chute ! Michael Fassbender (également producteur) incarne à la fois un Callum Lynch quelque peu fade dans le présent et son ancêtre assassin Aguilar ayant défendu et détenu la pomme d’Eden – une sorte d’artefact divin tout puissant que les assassins ont juré de cacher pour qu’il ne tombe entre de mauvaises mains. Bien évidemment, les templiers ayant grosso merdo les mêmes desseins que dans le jeu par le biais d’Abstergo, tenteront d’extraire le passé de Callum au cœur de l’animus – une sorte de machine permettant de se synchroniser et de revivre les aventures d’un de nos ancêtres – pour retrouver la pomme. Le Dr Sophia Rikkin bien interprétée par Marion Cotillard se confrontera à son père – dont Jérémy Irons emprunte les traits – sur le sort de Callum.  Rien de nouveau sous le soleil donc pour les initiés qui reconnaîtront facilement le destin de Desmond Miles dans celui de Callum, si ce n’est l’introduction d’un code génétique pour le libre arbitre que la pomme détiendrait. La fin nous laisse entrevoir l’existence d’une saga cinématographique au potentiel intéressant à suivre… Une bonne surprise donc !

Romain Ethuin

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